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Troubles de l’apprentissage de la langue : l’orthophonie en soutien

Laurie Lefebvre, orthophoniste à Campus Tremplin, revient sur les leviers d’actions pour dépister les troubles de l’apprentissage chez les personnes primo-arrivantes en France, et les leviers d’actions possibles.

Laurie Lefebvre, quel est le rôle de Campus au sein de l’association Tremplin ?

Campus Tremplin a ouvert ses portes en novembre 2019. Ce dispositif en entrée et sortie permanentes, accueille tous les publics et propose des formations théoriques aux savoirs de base. L’équipe, composée d’une coordinatrice, de formateurs Français langue étrangère (FLE) et en numérique, d’une assistante administrative, d’une psychologue et d’une orthophoniste, a vite fait le constat de difficultés d’apprentissage pour les personnes primo-arrivantes en France.

Pourquoi le recours à une orthophoniste est-elle une démarche innovante et nécessaire ?

Nous nous sommes rendus compte qu’il n’existe pas, en France, d’outils de dépistage chez l’adulte bilingue tardif, lorsque des hypothèses de troubles des apprentissages se font jour.
Nous avons donc créé un questionnaire avec la psychologue du service. Les entretiens ont été effectués d’abord avec un interprète. Dans un second temps, des essais de questionnaires traduits dans les différentes langues ont été proposés.
L’intérêt du questionnaire, cadré et structuré, permet d’écarter les difficultés culturelles, de barrière de la langue et de mesurer les vulnérabilités, les fragilités et les différents facteurs impliqués.
Ce questionnaire d’une durée de 30 minutes s’intéresse à plusieurs domaines : le sommeil, l’alimentation, les antécédents, la vie quotidienne et le bien-être en général, via des questions binaires en oui/non. Si la réponse est positive à un des items, elle déclenche un entretien plus approfondi d’une durée d’une heure, soit avec la psychologue, soit avec l’orthophoniste si l’apprenant le souhaite.

Et au niveau des résultats ?

A ce jour, sur 33 apprenants, 31 ont été évalués par le questionnaire. Il en ressort que 12 % des apprenants connaissent des difficultés langagières, qui entravent l’accès à l’apprentissage de la langue. Lors de ce travail, nous avons également été confrontés à un frein principal : l’accès aux soins primaires (médecin traitant, ORL, ophtalmo…), ainsi que le manque de connaissances de chaque partenaire entourant l’apprenant.

Que va-t-il se passer ensuite ?

Cet accès au diagnostic d’un trouble de l’apprentissage permet une prise de conscience chez l’apprenant qu’il n’est pas la cause de ses difficultés, qu’il est intelligent avec un fonctionnement différent (pensées limitantes). Lors du diagnostic, nous proposons des préconisations (adaptations dans la vie quotidienne par exemple), des orientations vers le soin (soin en orthophonie) et à l’ouverture d’un dossier MDPH afin d’être reconnu dans son handicap et accéder à un travail adapté.